Boulangerie itinérante. Du pain et du lien
Restauratrice depuis 25 ans, Laurence Blot quitte sans remords un confort qu’elle ne cherche pas. Simple et naturelle, elle nourrit un projet qui ne l’est pas moins : devenir boulangère itinérante et livrer du pain bio et frais aux isolés de la Presqu’île.
Regard vif, parole franche, Laurence Blot n’est pas une femme à attitudes. Quand elle dit « bio », « naturel » et « proximité », ça sent la farine, le levain et certainement pas le caprice urbain. Après une carrière dans la restauration de cabaret, Laurence aurait pu lancer son projet en ville. Il aurait, à n’en pas douter, rencontré un franc succès. Mais elle n’a que faire des tendances. Quand sa vocation lui a sauté à la figure, elle avait 10 ans. À l’époque, dans sa campagne mayennaise, un petit camion klaxonnait chaque matin, comme les glaciers au bord des plages, pour annoncer le pain frais. Les études et le travail la mènent longtemps dans la jungle des villes, mais son projet resurgit. Elle enchaîne alors CAP boulangerie et formations à la boulange artisanale (pétrin, levain, farine sur meule et cuisson au feu de bois) et au travail itinérant. Puis cap sur la Presqu’île, qu’elle rejoint par amour autant que par défi : elle sait qu’ici proximité et naturel ont du sens. Au bout, exigence et connaissance du bon produit l’attendent. Pas question de tricher. Et ça tombe bien : Laurence veut cette transparence.
Avec L’Abeille et la Bêche
Une amie boulangère, Aurélie, installée à la ferme Ty an Digor, à Crozon, lui prête son matériel en attendant qu’elle trouve son propre local de fabrication. Elle tisse rapidement des liens avec d’autres producteurs et fait ainsi la connaissance de Baptiste et Hélène, cidriculteurs propriétaires de la ferme de Kermarzin. Ils lui offrent la possibilité de s’installer sur place et de vendre ses premières fournées dans le magasin de produits paysans « L’Abeille et la Bêche », aux côtés d’autres producteurs locaux. Le projet, soudain, devient réalité.
Pain au foin et lichouseries
Installée depuis quelques semaines seulement, Laurence n’a pas eu le temps d’appréhender le lancement imminent. L’installation administrative et technique ne l’a pas empêchée de faire goûter ses premières créations, influencées délibérément par les produits de saison. Son pain au foin a conquis ! Ses lichouseries, quatre-quarts au sarrasin, sablés, galettes, etc. font l’unanimité. Elle propose déjà une petite production en vente directe le vendredi, au magasin des producteurs. Dès août, il sera possible de se fournir au fournil. Son camion lui permettra bientôt de livrer, sur commande, des dépôts-ventes aux pentys isolées.
À terme, elle compte investir dans une camionnette avec fournil intégré : une vraie petite boulangerie itinérante pour animer les places de villages et festivals d’été, et faire le bonheur des loups solitaires et personnes âgées.
▼ Pratique
En attendant le lancement de la boulangerie itinérante, rendez-vous au magasin des producteurs ou au fournil de la ferme de Kermarzin, le Bara’Lo, dès le mois d’août.
Le Télégramme – Brest 27 Jul 2018 – Tiphaine Kervaon